journal de bord

octobre

26/10/25 :

Exception cette semaine : elle commence par dimanche :) 

Aujourd’hui et jusqu’à mercredi je m’en vais à la presqu’île de Tahiti (qu’on appelle Tahiti-Iti) participer à l’expédition de recensement des baleines à bosse. J’ai une chance infinie de pouvoir partir en mission scientifique, d’autant plus à la presqu’île qui reste un endroit difficile d’accès. C’est l'opportunité pour moi d’observer les baleines de près (ce qui est incroyable !) et de participer aux missions scientifiques de l’association, de me rendre compte de ce qui est fait sur le terrain. 


L’objectif de cette expédition : étudier les baleines à bosse sur la Presqu’île et vérifier la théorie du regroupement de fin de saison. Au programme : récolte de squame pour la génétique, enregistrements acoustique, photo-identification et photogrammétrie. Comme l’asso ne possède pas de bateau, c’est l’un de ses partenaires Moorea Moana Tours qui nous amène pendant ces 4 jours d’expédition grâce à leur bateau de whale watching. 



Me voilà donc arrivée dimanche en fin d’après-midi à Tahiti-Iti, où je vais rester avec une partie de l’équipe Oceania. Sont présents Marie-Lou, la directrice de l’asso et la cheffe du projet Ocean Watch ; Charles, le responsable scientifique de l’asso ; Poe, la chargée de comm de l’asso ; Iotua, le capitaine, membre de Moorea Moana Tours ; et Anthony, le droniste pour la photogrammétrie. 

Iotua, Anthony, Marie-Lou et Charles sont partis ce matin en bateau depuis Moorea et ont donc déjà commencé la mission de recensement, et Poe et moi les avons rejoints en voiture avec le reste des équipements pour la semaine. 

L’association a loué une maison pour 3 nuits dans la commune de Taiarapu, avec un accès mer direct (nécessaire pour amarrer le bateau et partir tot le matin pour notre mission). 



L’équipe : 

Iotua : capitaine. Il conduit le bateau et repère les baleines

Anthony : droniste (et moniteur de plongée dans la vraie vie). Il s’occupe du survol en drône et repère les baleines

Marie-Lou : directrice et cheffe de l’expédition. Elle mène la mission, prend les photos et repère les baleines

Charles : responsable scientifique. Il se met à l’eau pour le squame, prend les vidéos sous l’eau, gère l’acoustique et repère les baleines

Poevai : responsable de la communication. Elle documente la mission pour la comm et les réseaux, note les observations et repère les baleines

Moi : petit intrus sur le bateau mais petite main pour eux ! Je note les observations et repère les baleines.



27/10/25 :

Premier jour en mer pour Poe et moi, qui sommes arrivées sut la presqu’île hier en fin d’après-midi. 

Départ 7H en mer pour une journée complète sur l’eau. 

Aujourd’hui on a fait 8 observations, dont certaines comprenaient plusieurs baleines. On a vu plusieurs maman-bébé, quelques baleines solo, des sauts, mais aussi un heat run* de 6 baleines ! 


Les activités sur le bateau : 

– Recherche des baleines : 

C’est la mission de chacun : on scrute l’horizon, à la recherche de souffle, de sauts ou de frappes de nageoires. Comme on était 6 sur le bateau on a pu se répartir des directions : le capitaine regardait à l’avant du bateau, 2 regardaient à babord, 2 regardaient à tribord, et le dernier regardait à l’arrière. 

Quand on observe une baleine, il faut l’indiquer à tout le monde de suite : on donne la direction (on parle en heure, car le bateau est considéré comme une horloge. Droit devant c’est midi, droit derrière c’est 6h), la distance, et on demande tout de suite à ce que l’observation (qu’on appelle sighting) soit déclenchée et notée.


– Notations des observations : 

C’était ma mission et celle de Poe. 

Chaque observation de baleine ou groupe de baleine doit être notée. 

La première chose à faire est d’inscrire l’heure de l’observation (le début mais aussi la fin, pour corréler avec la prise de photos). On note ensuite la direction (midi, 3h, 6h, 10h…) et la distance. Puis on écrit le nom de l’île où l’observation est faite, les conditions sur l’eau (Beaufort, visibilité, pluie…), et enfin une fois qu’on en sait un peu plus on complète avec le nombre d’individus et leur statut (adulte, bébé, juvénile), et on note si l’on a récolté du squame, fait de l’acoustique, survolé les individus en drone, pris des photos et des vidéos. On finit par des commentaires si certaines choses sont importantes à noter. 


– Récolte de squame : après les sauts des baleines qu’on observait, Charles se mettaient a l’eau pour récolter le squame laissé par l’impact du saut dans l’eau. Le squame c’est des morceaux de peau des baleines, car comme nous, elles pèlent ! les morceaux sont récupérés directement dans l’eau à l’épuisette, puis conditionnés dans un tube sur lequel on note l’heure de la récolte, le nom de l’île, et on lui attribue un numéro d’identification. Ces échantillons de peau serviront ensuite plus tard à l’analyse génétique, qui permettra de vérifier les conditions de santé du groupe de baleines : y-a-t-il consanguinité par exemple ?


– Photo-identification : 

Nos observations sont systématiquement photographiées, et parfois filmées si mise à l’eau il y a. 

Sur le bateau on a un appareil photo qui nous permet de capturer les dorsales des baleines et leurs caudales. Chaque caudale est unique, c’est un peu l’équivalent de nos empreintes digitales. La répartition de la couleur sur la caudale, les cicatrices, les dentelures servent donc à l’identification des baleines. Une fois rentrés de l’expédition, les photos prises depuis le bateau seront analysées et rentrées sur une base de données participative nommée Happy Whale. Grâce à l’analyse de ces photos et la comparaison à d’autres, on pourra savoir si la baleine a déjà été photographiée ailleurs, si elle est donc déjà répertoriée, mais aussi retracer parfois sont parcours ! Elle peut par exemple avoir été aperçue en Antarctique, où elle se nourrit !  

Il est aussi possible de faire une mise à l’eau lorsque les conditions et le comportement des baleines s’y prêtent. Aujourd’hui aux côtés de Charles j’ai pu nager avec le groupe du heat run. C’était un moment incroyable car on a vraiment pu voir les baleines de près. La mise à l'eau nous a permis de prendre des vidéos des baleines à l’aide d’une GoPro, qui serviront à la photo-identification. Grâce à l’analyse de l’anatomie des baleines on pourra identifier les individus : sur les vidéos on peut voir les caudales, les dorsales, les cicatrices, en bref tous les éléments distinctifs et identifiables de chaque baleine à bosse. 


– Acoustique : 

Lors de certaines phases de creux, nous avons éteint le moteur du bateau pour essayer de capter les sons émis par les cétacés à l’aide d’un hydrophone portable. Nous avons entendu plusieurs mâles chanteurs, mais trop éloignés pour pouvoir les observer. Charles a enregistré certaines émissions, pour pouvoir analyser les chants plus tard. 


– Photogrammétrie : 

Lorsque les conditions météo se prétaient au survol de drône (sur la presqu’île, c’est dsifficile d’avoir un temps idéal pour faire voler un engin comme celui-ci) Anthony lancait le drone pour enregistrer des vidéos. La distance minimale à respecter entre la baleine et le drône est de 30m : en dessous, l’engin dérange l’animal. Les vidéos prises ne sont pas des vidéos de paysage (quoi qu’on en ait fait malgré tout pour la communication des actions de l’association) mais des vidéos des baleines, prises juste au dessus d’elle.

Ces vidéos servent ensuite à la photogrammétrie : le survol des baleines en drône permet de mesurer leur taille, mais aussi leur masse corporelle grâce à quelques calculs. Parfois, elles permettent aussi d’avoir de belles images pour la photo-identification. Ces données sont donc précieuses pour étudier les baleines et comprendre leur physique : on peut comparer des prises de vue de début de saison avec des prises de vue de fin de saison (combien perdent-elle de poids en polynésie / jusqu’à quelle taille peuvent faire les nouveaux baleineau / …)


Nous avons passé la journée entière en mer dans le bateau et sommes rentrés juste avant la tombée de la nuit. Le soir on procède au néttoyage méticuleux de tout le matériel, car le sel est abrasif et ronge très facilement les outils. Le travail n’est pas fini puisqu’on rentre aussi les données de la journée (notamment les infos des observations) sur l’ordinateur et on commence à trier les photos pour faciliter l’analyse pour la photo-identification. 


* Un heat run, c’est une course entre mâle qui se disputent l’attention d'une femelle, généralement placée en avant du groupe. 



28/10/25 :

Aujourd’hui, même mission qu’hier, même activités !

On est partis plus tôt parce qu’on a eu l’aval de la DIREN (Direction de l’environnement de Polynésie) et des compagnies de Whale Watching de la Presqu’île. Il est important de demander des autorisations parce qu’on est sur un territoire dont nous ne sommes pas propriétaires, et que tout est réglementé. 


On  afait 18 observations, dont une avec 2 baleines très curieuses et joueuses qu’on a pu observer de très près. C’étaient elles qui venaient au contact : il est important de rappeler que les bateaux ne doivent pas approcher les baleines à moins de 100m, et que lors de la mise à l’eau les nageurs doivent laisser une distance minimale de 15 mètres avec la baleine. 


Lorsque nous nous sommes mis à l’eau ce sont elles qui sont venues à nous : on a donc eu de la chance car elles étaient curieuses et très proches, on a fait de superbes vidéos et c’était un moment magique ! C’est un animal très impressionnant, et on se sent très vite petits face à ces géantes des mers. 




29/10/25 :

Aujourd’hui c’est le dernier jour de l’expédition. 

Marie-Lou, Charles, Iotua et Anthony repartent avec le bateau direction Moorea, et ils en profitent pour continuer les observations. 

Avec Poe on repart en voiture, chargées du reste des affaires non nécessaires à la journée en mer. 

Une fois arrivés à Moorea, tout est déposé à l’association et conditionné correctement : le squame récolté est rangé, les cartes mémoires contenant les photos et vidéos sont triées et seront analysées, les enregistrements sonores sont gardés pour l’acoustique. 

On range aussi tout le matériel sorti pour l’expédition : appareil photo, gopro, batteries, enceinte pour l’acoustique, enregistreur, hydrophone, fiches des observations, palmes, combis, et plein d’autres choses. 



30/10/25 :

Aujourd’hui on est de retour au bureau. On finit de ranger le matériel et on se remet sur nos dossiers. 



31/10/25 :

Ce matin j’ai eu une petite réunion avec Charles sur mon avancement concernant les fiches espèces et le poster acoustique. 

En effet, Charles a simplifié le contenu à mettre sur les fiches, et on a donc discuté de tout ça. Ce sont des fiches qui se veulent accessibles au grand public, aux enfants, et aux whale watcher : il faut donc utiliser un vocabulaire compréhensible pour le profane tout en veillant à rester juste scientifiquement dans les informations transmises. C’est un challenge !

Ce projet est réalisé en association avec Chorus acoustics, un institut de recherche associatif dédié à l’écoute des écosystèmes marins pour la conservation et le développement durable, basé en France. (https://chorusacoustics.com/) Ce sont eux qui ont effectué toutes les recherches pour les fiches et proposé une première version du contenu. Nous avons une réunion lundi soir ensemble pour discuter du projet, et il est prévu que je leur montre une première version des fiches pour qu’on puisse discuter de leur mise en page et du contenu laissé de côté. Certains points sont difficiles à vulgariser et d’autres sont un challenge : je souhaite faire un schéma pour montrer l’échelle des décibels selon les sons émis, ce qui permettrait de comparer leur puissance avec des bruits connus (moteur d’un avion par exemple), mais comme la propagation du son dans l’eau et dans l’air n’est pas la même je me heurte à des soucis de véracité. C’est un point sur lequel nous allons nous poser pour discuter. 

semaine 5

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